Comme une image


Pour son second long métrage en tant que réalisatrice, après Le goût des autres en 2000, Agnès Jaoui s’attelle à l’image, l’apparence, au travers 5 portraits croisés (une jeune fille mal dans sa peau, un écrivain et sa jeune épouse, un second écrivain et une professeure de chant). Pas de révélations fracassantes, mais un humour cynique propre aux scénaristes – Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri – complices d’écriture depuis 1991 et leur pièce Cuisine et dépendances.

Sujet universel, l’apparence est maîtresse de notre existence, que ce soit à cause des magazines de mode, du regard des autres ou encore des immenses panneaux publicitaires disséminés un peu partout dans la capitale, avec des mannequins “parfaits”. Même si le titre du film est le titre du dernier roman de Pierre Miller (Laurent Grévill), Comme une image expose le mal-être d’une jeune femme, Lolita (Marilou Berry), 20 ans, qui rêve de devenir chanteuse mais qui se trouve trop grosse et pas assez belle, malgré les encouragements de Karine (Virginie Desarnauts) et ceux, tardifs, de Sylvia, sa professeure de chant (Agnès Jaoui). Le roman de Pierre Miller n’est qu’une excuse… Car le personnage principal reste Etienne Cassard (Jean-Pierre Bacri), le père de Lolita, nombriliste en mal d’inspiration, qui semble en avoir rien à faire de sa fille aînée, qui semble l’abandonner, même dans ces moments difficiles où elle a vraiment besoin de lui.

Agnès Jaoui filme la société telle qu’elle la voit, avec ses défauts et parfois ses quelques qualités, dans un monde où il est quasi obligatoire de jouer un jeu pour se faire accepter, comme le font les personnages, à part, peut-être, Lolita. Etienne Cassard essaie de jouer un bon père de sa fille mais ne se préoccupe aucunement de Lolita. Sa fierté serait plutôt la petite dernière, âgée de 5 ans. Karine Cassard, qui apparaît comme une femme heureuse, n’est que l’ombre d’elle-même, n’osant pas contredire son mari. Pierre Miller, écrivain sans talent, s’apitoie sur son sort alors qu’il peut réussir, grâce à un ami. Un vrai ? … Sylvia, professeure de chant, n’ose pas dire à ses élèves qu’elle n’aime pas son travail, qu’elle veut tout abandonner. Elle ne commence à s’intéresser à Lolita que lorsqu’elle apprend que cette dernière est la fille de Cassard, son auteur préféré. Chacun agit dans son propre intérêt, aux dépends de l’autre. L’intéressement des uns pour les autres n’est pas anodin, mais calculé.

En un mot, il ne faut pas se fier aux apparences… La vie n’est qu’un jeu où respecter les règles est primordial pour la bonne entente de tous. C’est un film bavard, où tous les espaces sont comblés par des mots. Il fait douter de tout, de tout le monde. Mais surtout, on en ressort grandit… Les mots sont justes, percutants. On ne veut en aucun cas ressembler à ces stéréotypes de la société.

 

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