Roman fantastique : rencontre avec Manon Toulemont, auteur de la saga Symfonia


Manon Toulemont est l’auteur de la saga Symfonia, dont deux tomes ont été publiés en 2011 et 2013 par les Editions du Rocher. Diagnostiquée autiste Asperger (haut niveau) à l’âge de 16 ans, cette saga représente pour elle un “intérêt spécial”, une caractéristique commune à tous les autistes de haut niveau. Rencontre avec cette jeune auteur attirée par le paranormal et les thrillers, dont l’imaginaire ne cesse de bouillonner.

Qui êtes-vous, Manon Toulemont ?

Je suis une jeune femme de 21 ans, d’origine parisienne, et je vis maintenant en Bretagne où je compte commencer des études de biologie en septembre, pour ensuite devenir éthologue. Avant cela, j’ai effectué des études de théâtre et de cinéma, ainsi qu’une licence en métiers du livre (toujours pratique de connaître les coulisses du milieu pour lequel on travaille !) Je suis passionnée par la nature, le cinéma et la littérature (notamment l’épouvante et le thriller).

Qu’est-ce que Symfonia, et pourquoi ce titre ?

Symfonia est une série que j’ai commencé à écrire à l’âge de 17 ans et qui, par un grand miracle, a trouvé un éditeur à peine un an plus tard. Cet univers rassemble tout ce qui constitue en général mon imaginaire : un mélange de fantastique, de thriller et d’épouvante, le tout se déroulant à Paris et en Bretagne (mes deux “régions d’origine”). Le résultat part un peu dans tous les sens du fait de mon enthousiasme débordant et de mon inexpérience de l’époque, mais cela a aussi donné naissance à plusieurs personnages auxquels je me suis beaucoup attachée et qui évoluent en même temps que moi. Vampires, sirènes, sorcières, loup-garous… on trouve de tout ! L’intrigue s’articule autour du concept de Symfonia, qui se présente comme l’origine de tous les phénomènes paranormaux se produisant dans notre monde. Cette force confère des pouvoirs infinis à celui qui la maîtrise, ce qui attise la convoitise de certaines personnes mal intentionnées…

Il s’agit d’une œuvre de science-fiction, où les vampires côtoient les humains. En quoi cet univers particulier vous intéresse ?

Je suis passionnée par les prédateurs, qu’il s’agisse d’animaux ou de créatures fantastiques comme les vampires, loup-garous, ou autre. Quand j’ai commencé le premier tome de la série, nous étions en plein dans la vague Twilight et j’ai dû être un peu influencée par le phénomène, bien que n’ayant pas lu les livres ni vu les films. Je voulais aussi aller à contre-courant du vampire romantique pour revenir à un être plus agressif et dangereux, en partie inspiré par les tueurs en série. Dans Symfonia, le vampire Pacôme présente à la fois des traits modernes (belle apparence physique, tentative d’intégration dans le monde des humains) et beaucoup plus bestiaux. Je trouvais intéressant d’imaginer comment une telle créature parviendrait à vivre au milieu des hommes sans (trop) se faire remarquer.

“Les personnages constituent le point fort de la saga de par la diversité de leurs caractères.”

Le 1e tome, Ouverture, est construit comme un journal. Qu’est-ce qui avait motivé ce choix ?

Comme j’effectuais des études de cinéma au moment de la rédaction, j’ai naturellement imaginé le roman comme un film, ce qui a déteint sur sa construction. Je me suis un peu inspirée du style 24 heures chrono pour séparer les nombreuses péripéties selon des tranches horaires et des lieux. Cela me permettait aussi de présenter beaucoup de personnages et de multiplier les points de vue sans que les scènes deviennent trop compliquées. De plus, il m’a semblé que ce découpage conférait plus de rythme au récit, qui se présente comme un thriller assez effréné.

L’orchestre de l’Atome, lui, est construit en chapitres. Expliquez-nous les raisons de cette évolution.

Pour le deuxième tome, j’avais plus d’expérience et mon style était mieux abouti. Cela m’a permis de me “poser” un peu plus dans l’écriture et d’organiser le récit de manière plus littéraire, si je puis dire. Les personnages et points de vue sont toujours nombreux, l’intrigue toujours très complexe, mais l’ensemble s’agence de façon plus fluide selon un découpage en grandes parties. On constate facilement grâce à cette construction que plusieurs camps, amis ou ennemis, commencent à se former.

N’avez-vous pas peur de perdre votre lecteur avec autant de personnages ?

Un petit peu ! D’ailleurs, cela s’est déjà produit. Avec le recul, je crois que j’aurais mieux fait de démarrer plus doucement, mais à présent que je me suis engagée, on va faire avec. J Et puis, s’ils sont peut-être trop nombreux, les personnages constituent le point fort de la saga de par la diversité de leurs caractères et leur aspect plus ou moins attachant. Quand j’écris un roman, la psychologie des personnages prime sur tout le reste et j’aime établir divers types de relations entre eux.

Quel personnage est le plus proche de vous : Pacôme, Alice, Ange ?

Tous reflètent une part différente de ma personnalité. Pacôme incarne le côté maladroit, tiraillé entre sa marginalité et son désir d’intégration, souvent dominé par ses émotions qu’il peine à contrôler. Alice représente la révolte et la colère liée à mon adolescence (qui ne fut pas très simple), ainsi que le refus de se soumettre à des dogmes qui ne lui conviennent pas, et la difficulté de se faire des amis. Quant à Ange, il est un peu à part… C’est mon favori mais aussi le plus obscur de tous. Sa personnalité est assez complexe et j’ignore moi-même où elle trouve ses racines. Il incarne mon attrait pour l’art et la beauté, ainsi que la fascination qu’exerce souvent le mal.

Quels sont vos projets ?

Je vais continuer Symfonia, mais pour l’heure la publication du tome 3 est compromise par un différend avec mon éditeur, donc je travaille sur d’autres romans. J’ai récemment terminé une dystopie intitulée Les Fauves et suis sur le point d’achever un roman d’épouvante, Hoodoo. Je vais bientôt m’employer à chercher un éditeur pour ces deux ouvrages, en espérant qu’ils puissent être publiés !

Propos recueillis par Sabine Rigaud

• Tome 1 – Symfonia – Ouverture, de Manon Toulemont • Editions du Rocher 2011, 416 pages, 22€.
• Tome 2 – Symfonia – L’Orchestre de l’Atome, de Manon Toulemont • Editions du Rocher 2013, 387 pages, 22€.

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