Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? signe le retour de Philippe de Chauveron au cinéma, après les aventures de Ducobu, en 2011 et 2012. Il met en scène une comédie sociale entourée d’une brochette d’acteurs talentueux.
Claude et Marie Verneuil, issus de la grande bourgeoisie catholique, ont quatre filles : la première épouse un musulman, la deuxième un juif, la troisième un chinois. Ils fondent alors tous leurs espoirs sur la cadette qui, alléluia, vient de rencontrer un bon catholique. Mais ils ne sont pas au bout de leurs surprises.
Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? est une comédie sociale où chacun en prend plein la vue. Dès le début du film, le ton humoristique est donné par la répétition des mariages mixtes. Claude et Marie tirent des têtes d’enterrement alors qu’ils assistent aux mariages de leurs filles. Le sous-titre du long métrage est d’ailleurs bien choisi. Le quatrième mariage est une sorte de coup de grâce, et le naturel des parents revient au galop. C’en est trop, ils sont exaspérés. Si bien que le photographe du mariage de Ségolène les reprend : “J’en vois deux qui sourient pas, là !” Ils vivent ces mariages comme une punition, d’où le titre, Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? Cette punition est matérialisée par l’absence de la famille Verneuil aux trois mariages. Claude et Marie ont honte de ces mariages mixtes, et refusent que leur famille assiste à ce qu’ils appellent un désastre familial. Ils ont peur du regard des autres, notamment celui du curé (il peine à retenir un éclat de rire lorsqu’il apprend que le quatrième gendre sera noir) et des fidèles (ils fixent la famille Verneuil lorsqu’elle arrive à la messe de minuit).
Peu à peu, les scénaristes Philippe de Chauveron et Guy Laurent, à travers le personnage de Marie, tente une réponse à la question du racisme. Ils se servent des clichés sur la psychologie (Elie Semoun est magistral en psy silencieux). Le racisme est tout simplement la peur de l’inconnu, des autres. Indéniablement, le racisme est traité du point de vue de l’humour, et le public en redemande.
Ce traitement permet également de mettre à mal tous les clichés possibles portant sur la religion ou l’immigration. Les amalgames sont poussés à leur paroxysme. Philippe de Chauveron n’hésite pas à comparer la circoncision et l’excision, une mutilation de plus en plus interdite dans le monde. Le manque de culture des personnages est responsable de leurs peurs. Cette absence de connaissance les empêche d’accepter leurs gendres au sein de la famille. Ces derniers en jouent, pour le bonheur des spectateurs qui ne peuvent se retenir d’éclater de rire. Le premier à se moquer du côté coincé des parents est Rachid, qui annonce vouloir appeler son fils Mahmoud. Claude et Marie se décomposent, d’autant qu’ils viennent assister à la circoncision de leur petit-fils, ce qui leur déplaît. Malgré les tensions, Marie et Claude multiplient les efforts, comme le prouve la cuisine des trois dindes à l’occasion de Noël. Ils refoulent leur véritable nature au nom du bonheur de leurs filles, un comportement louable, même s’ils multiplient les mensonges.
Relations familiales, diversité culturelle, racisme, Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? dresse, non sans humour, le portrait d’une société qui ne cesse d’évoluer. Et si le bonhomme de neige de Rachid, David et Chao était le signe d’une bonne entente entre tous ? Fuyez le politiquement correct et payez-vous un fou rire d’une heure trente dans les salles obscures !
• Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?, un film de Philippe de Chauveron • Avec Christian Clavier, Chantal Lauby, Ary Abittan, Medi Sadoun, Frédéric Chau, Noom Diawara, Frédérique Bel, Julia Piaton, Emilie Caen, Elodie Fontan, Pascal Nzonzi… • 1h33 • Sortie nationale le 16 avril 2014.