Une seconde réalisation pour Philippe Guillard ! Après Le fils à Jo, l’ex-rugbyman signe On voulait tout casser, une comédie dramatique autour de l’amitié. Il réunit ainsi Kad Merad, Charles Berling, Benoît Magimel, Vincent Moscato et Jean-François Cayrey. Actuellement au cinéma.
Cinq amis, qui se connaissent depuis plus de trente ans, ont renoncé depuis longtemps à leurs rêves d’adolescents. Ils découvrent un beau jour que le plus assagi de la bande plaque tout pour faire son tour du monde en bateau. En comprenant ce que cache cette décision soudaine, cela réveille leurs plus vieux rêves…
Essai transformé pour Philippe Guillard ! Il revient au cinéma avec On voulait tout casser et le résultat est poétique. Si son scénario est parfois prévisible, il est joliment écrit. Les situations sont décrites avec finesse. Il ne sombre pas dans le pathos, malgré un sujet délicat : les maladies génétiques. Le long métrage évoque l’abandon, la volonté de s’isoler, les souvenirs heureux d’une époque révolue. Il expose le portrait d’une génération en souffrance, qui se cherche, qui ne jure que par les apparences, cette idée où chacun doit être bien sous toutes les coutures, cacher ses faiblesses, se montrer fort, faire croire que tout est rose. Une génération qui s’ennuie dans sa vie bien rangée. Il soulève aussi les questions de l’échec, du deuil de l’amour, du deuil du passé, de la vérité, de la trahison. Les personnages portent des masques, mentent, subissent le poids des apparences. Chacun montre ce qu’il veut, chacun croit ce qui l’arrange. Des jeux dangereux. Jusqu’où sont-ils capables d’aller par amour ? Leurs preuves sont maladroites, créent des tensions. Ces dernières sont le témoin d’une crise identitaire, d’une crise sociale.
La mort rode à chaque séquence. Comment accepter la perte d’êtres proches ? La disparition d’une amitié, fauchée par la mort ? Chacun des personnages réagit à sa manière, avec sa sensibilité, son histoire personnelle. Ils rêvaient de tout casser, avant que la vie ne les casse… Ils ont peur, vivent avec leur passé, si bien que l’un d’eux décide de prendre le large, de mettre les voile, au sens propre. Puisque la mort guette, autant en profiter ! Le scénariste en joue, d’ailleurs, en utilisant l’humour noir. Résultat, des sourires arrachés, au milieu de ce monde gris sans couleurs vives. Avec quelques exceptions : les seconds rôles offrent du soleil, un moment de répit au cœur du drame.
La mise en scène accentue les diverses émotions : le gris domine lorsque les personnages sont tourmentés. Mais lorsqu’ils oublient un temps le présent pour rire, les couleurs reviennent, la nature est flamboyante, le soleil est haut dans le ciel. Un choix judicieux de la part de Philippe Guillard. De leur côté, les acteurs sont émouvants. Ils interprètent des personnages subtils, aux identités bien marquées, des personnalités fortes. Ils sont facilement identifiables. Ces personnages complexes permettent aux excellents acteurs de jouer de jolies partitions, qu’elles soient au premier ou au second plan. Enfin, la musique, dramatique, accentue la dure vie que traversent les personnages. Un ensemble cohérent et réussit, qui ne laisse pas indifférent.
On voulait tout casser est le témoignage d’une tranche de vie, où sont dressés des portraits de personnages aussi différents les uns que les autres. Une histoire d’amour, de vie, de déceptions, de belles surprises, d’instants précieux. Sans oublier les hauts et les bas. La vie dans toute sa splendeur, avec son lot de cadeaux et de rayons de soleil. Une jolie chronique ! Un drame quatre étoiles sur fond d’amour et d’amitié.
• On voulait tout casser, un film de Philippe Guillard • Avec Kad Merad, Charles Berling, Benoît Magimel, Vincent Moscato, Jean-François Cayrey, Anne Charrier, Elsa Mollen, Emma Colberti… • 1h26 • Sortie le 3 juin 2015.