Premier film, premier chef d’œuvre ! Matthieu Maury et Warren Dupuy filment une histoire d’amour tel un conte de fée. La distribution sert remarquablement cette poésie romantique. A découvrir les 14 et 21 février au Saint-André des Arts (6e).
Encouragés par un producteur, deux amis, Greg et Jonas, écrivent un scénario dans une maison de campagne. Greg rêve d’une comédie romantique, Jonas d’un thriller. Alors que l’esprit de Greg est distrait par le voyage au Brésil de sa petite amie Violette, Jonas décide d’inviter deux filles à passer le week-end avec eux. Parmi elle, l’étrange et fascinante Johanna…
Dès l’abord, Matthieu Maury et Warren Dupuy, tout juste sortis de l’École de la Cité, dessinent des scènes de la vie quotidienne avec brio. Ce résultat est obtenu par l’absence de dialogues écrits. Les cinéastes ont simplement distribué un scénario non dialogué de 10 pages. Le talent des acteurs a fait le reste. Parfois, les scènes du lendemain ont été écrites dans la nuit, sans pour autant nuire à la qualité de l’œuvre, qui apparaît comme une mise en abyme. En effet, les scénaristes ont souhaité évoquer un sujet qu’ils connaissaient : la difficulté d’écrire un scénario en peu de temps. Côté mise en scène, les réalisateurs ont été inspirés : ils ont opté pour les caméras témoins. Elles suivent les héros. Elles sont spectatrices du huis clos amoureux. Tandis que le quotidien champêtre de Greg et Jonas se résume à des prises de bec, leur vie s’illumine avec l’arrivée de deux jeunes femmes, Chloé et Johanna. Le chassé-croisé amoureux entre cette dernière et Greg se met, dès lors, en place progressivement. Ils sont l’ombre, elles sont la lumière. Se pose alors une question fondamentale : Greg est-il toujours amoureux de Violette ? La présence de Johanna est-elle plus forte que l’absence de Violette ? Les certitudes du jeune homme s’en trouvent ébranlées. Maury et Dupuy réalisent là une sorte de documentaire sur la naissance d’une nouvelle histoire d’amour. Les réactions des futurs amants sont scrutées, du regard gêné au baiser furtif. L’histoire est servie par d’excellents acteurs qui donnent vie à des personnages attachants, et interprètent sans fausse note leur complexité. Ils montrent l’étendue de leur talent par l’improvisation continuelle : aucun temps mort, aucune incohérence dans l’histoire, comme si tout était écrit, alors que les acteurs ne possédaient que des fiches sur leurs personnages respectifs. Ils ignoraient même la fin de l’histoire, si Violette apparaîtrait ou non. Comme dans la vie, ce qui renforce la sensation de réalité. Cette improvisation est une volonté des cinéastes et scénaristes. Ils refusent la facilité. En treize jours seulement, ils ont mis en boîte leur premier film. Treize jours où la première prise, celle des répétitions, s’avéraient souvent être la bonne. Cela permet une sincérité, une authenticité, une spontanéité dans le jeu. Un luxe pour les acteurs, selon Alix Bénézech.
Sur fond de querelle amicale, l’amour s’invite sans prévenir. Entourée de blockbusters, la pépite En attendant Violette s’invite comme par magie au Saint-André des Arts, et offre une séance poétique et champêtre aux spectateurs.
• En attendant Violette, un film de Matthieu Maury et Warren Dupuy • Avec Gary Hottegindre, Alix Bénézech, Mathieu Chauveau, Elsa de Belilovsky, Lara Mistretta… • 1h20 • Sortie le 25 janvier 2017.