On a tous, dans notre cercle d’ami(e)s, celui ou celle qui se prend pour un dieu, pour le nombril du monde. Vous savez, cet(te) ami(e) qui vous coupe la parole juste pour répliquer par un “moi, je…” qui vous horripile. Cet(te) ami(e) que vous rêvez d’aplatir contre un mur dès qu’il/elle ouvre la bouche. Cet(te) ami(e) qui ramène tout à lui/elle tout le temps.
Eh bien pour moi, c’est Sophie. On s’est connues gamines, hautes comme trois pommes, dans la cours de récré. On était timides toutes les deux. Résultats des courses, on est devenues amies. ‘Fin, c’est ce que je croyais. Très vite, elle a commencé à me couper la parole. Un peu, beaucoup, tout le temps. Je ne pouvais plus en placer une ! A la fin, elle monologuait. “Moi, je…” par-ci, “moi-je…” par-là. Et vas-y qu’elle racontait ses week-ends de ouf à la campagne avec son cousin dans une villa de rêves, ses journées de dingue sur les plateaux de tournage, et tout, et tout. Agaçant.
Je viens de retrouver le journal intime que j’écrivais à la même période. En rouge, en guise de résumé, j’avais rédigé une seule ligne : “Sophie, sa vie, son œuvre”. Je devais être furax ce jour-là… Je le suis encore aujourd’hui. Je ne supporte pas ces gens qui monopolisent l’attention. Non pas que je veux qu’on s’intéresse à moi, non, mais parce que quand on est deux, on parle à deux. C’est pas un qui passe des plombes à écouter l’autre.
Cette fille, je l’ai jamais revue. Juste aperçue un après-midi dans une rue de Paris, où elle a fait genre qu’elle me connaissait pas. M’en fiche, j’ai rien perdu !!
Lily.