Avis
Une bonne surprise ! Premier roman, premier succès. Il faut dire que l’écriture est fluide, l’histoire est bien racontée, avec des alternances de style : articles de presse, SMS, mails, pages Wikipédia, journal intime, etc. Cela en fait un roman particulier et appréciable tant il surprend. Il se lit rapidement, car chaque fin de chapitre incite le lecteur à poursuivre sa lecture. Le sujet est basique (une riche héritière accusée d’avoir tué sa mère) mais le traitement est réussi. Elizabeth Little maintient savamment le suspense jusqu’aux dernières pages. L’ensemble de l’œuvre est à la première personne, ce qui permet au lecteur de se mettre à la place du personnage principal, Jane, tout juste sortie de prison. Cette dernière l’intègre à son histoire par divers appels directs comme s’il connaissait son passé. Il subit ses déductions, sa quête de vérité, tel un témoin, un auditeur de l’histoire. Il traverse la tempête de quelques jours à pas lents. L’auteur utilise un ton humoristique, légèrement je-m’en-foutiste, créant un décalage entre la manière de penser et de réagir face aux évènements, et le côté dramatique de l’action.
Dear Daughter ressemble presque à un parcours initiatique : parce qu’elle doit passer entre les griffes des paparazzis, Jane, devenue Rebecca, redouble d’ingéniosité et tente de s’adapter tant bien que mal à un mode de vie jusque là inconnu pour elle, une vie simple, loin de l’argent et du luxe. Incognito (vraiment ?), elle mène l’enquête et essaie d’élucider le meurtre de sa mère. Enquête parallèle à celle des journalistes. Eux n’ont qu’un seul objectif : la traquer et la donner en pâture aux assoiffés de scoops. Le lecteur tremble à chaque notification lorsqu’un article est publié. La boule au ventre, il vit les mêmes émotions que Rebecca, traverse les épreuves avec les mêmes ressentis, tant le vocabulaire employé par Elizabeth Little est subtile. Bref, Dear Daughter est une pépite littéraire, un premier essai transformé.
Résumé
Après un procès qui a passionné l’Amérique, la jeune Jane Jenkins est reconnue coupable de l’assassinat de sa mère, la très fortunée et très mystérieuses Marion Elsinger. Dix ans plus tard, quand Jenkins sort de prison, sa libération scandalise le pays, convaincu de la culpabilité de la riche héritière. Jane est-elle coupable ou innocente ? Elle-même n’en a pas la moindre idée. Trop ivre la nuit du meurtre, elle n’a plus aucun souvenir de ses faits et gestes. Ne lui restent en mémoire que les deux derniers mots prononcés par sa mère, deux mots mystérieux qui la conduiront à chercher dans une petite ville du Middle West les réponses à toutes les questions qu’elle se pose.
L’auteur
Elizabeth Little est née et a grandi à Saint-Louis (Missouri). Diplômée de Harvard, Elizabeth Little est l’auteur de deux ouvrages non fictionnels (Biting the Wax Tadpole: Confessions of a Language Fanatic, Melville House, 2007, et Trip of the Tongue: Cross-Country Travels in Search of America’s Languages, Bloomsbury, 2012). Deux ans plus tard, elle signe son premier roman, Dear Daughter (Viking, 2014, United States of America), publié en France par les éditions Sonatine en 2015. L’ouvrage, succès mondial, a reçu le Strand Critics Award for Best First Novel. Elizabeth Little (à ne pas confondre avec la joueuse de tennis australienne) réside à Los Angeles (Californie) avec sa famille.