Pour son cinquième long métrage, deux ans après Le ciel attendra sur le djihadisme, Marie-Castille Mention-Schaar dresse le portrait de femmes, de mères, d’enfants, de pères, de familles, avec La fête des mères. À découvrir au cinéma à partir du 23 mai prochain.
Elles sont Présidente de la République, nounou, boulangère, comédienne, prof, fleuriste, journaliste, sans emploi, pédiatre. Elles sont possessives, bienveillantes, maladroites, absentes, omniprésentes, débordées, culpabilisantes, indulgentes, aimantes, fragiles, en pleine possession de leurs moyens ou perdant la tête. Bien vivantes ou déjà un souvenir… Fils ou fille, nous restons quoiqu’il arrive leur enfant avec l’envie qu’elles nous lâchent et la peur qu’elles nous quittent. Et puis nous devenons maman… et ça va être notre fête !
Si la bande annonce est attrayante, le film ne l’est pas du tout. Le scénario est quasi inexistant : il s’agit simplement de tranches de vie, sans début ni fin. Les portraits sont sympathiques, mais sans plus. D’ailleurs, ce ne sont pas de véritables portraits, puisque le spectateur n’apprend rien sur ces femmes, à part qu’elles sont mères et actives et qu’elles combinent avec plus ou moins d’aisance leur travail et leur vie personnelle. Leur passé n’est que vaguement évoqué. Le spectateur a du mal à comprendre qui est qui et qui fait quoi, hormis le personnage campé par Audrey Fleurot, présidente de la République française. C’est comme si la réalisatrice était spectatrice de ces différentes histoires qui se croisent. Résultats, les sujets abordés ne sont pas approfondis. Certains passages sont plus forts que d’autres, à croire que seules ces scènes avaient été écrites avant le tournage et que le reste n’était qu’une série d’ajouts pas prévus.
Globalement, La fête des mères tient la route, même s’il est un peu brouillon. Un discours est particulièrement touchant, celui tenu sur les mères en souffrance face à leur bébé. Il est magnifique, et déculpabilise les femmes concernées. Mais cela ne suffit pas, tant le film est inégal, entre scènes tendres et ennui. Il pourrait s’apparenter à un documentaire, que ce soit au niveau du rythme ou de la narration (dont la voix off). Le seul détail qui prouve qu’il s’agit bien d’une fiction, ce sont les noms des protagonistes, issus de l’imaginaire de la cinéaste. Malgré ces points négatifs, un énorme point positif est présent dans le film : le public découvre quelques notions d’art par l’intermédiaire du personnage d’Olivia Côte et apprend l’origine de la création du Mother’s Day, aux États-Unis.
L’œuvre est sauvée par l’excellente distribution. Les acteurs (et surtout les actrices) transmettent une belle palette d’émotions, de la peine à la joie, en passant par la colère et l’amour. Quant à la mise en scène, elle est sobre. Marie-Castille Mention-Schaar filme magnifiquement Paris, les prives de vue sont superbes. Avec un bémol : la scène finale donne le tournis, d’autant que la musique est trop forte à ce moment précis et accentue le malaise…
La fête des mères part d’un joli constat de départ, mais le résultat n’est pas celui escompté. Pas mal, mais sans plus. À voir pour le casting irréprochable.
• La fête des mères, un film de Marie-Castille Mention-Schaar • Avec Audrey Fleurot, Clotilde Courau, Olivia Côte, Pascale Arbillot, Jeanne Rosa, Carmen Maura, Nicole Garcia, Vincent Dedienne, Marie Christine Barrault, Pascal Demolon, Gustave Kervern, Noémie Merlant… • 1h47 • Sortie le 23 mai 2018.