Ah, l’Éducation nationale : un sujet intarissable ! Si bien que huit ans après Il reste du jambon ?, Anne Depétrini a choisi l’enseignement pour son nouveau film, L’école est finie. L’héroïne, professeur d’anglais, est campée par Bérengère Krief. L’affiche est complétée par Grégory Fitoussi, Patrick Chesnais et Marilou Berry. Actuellement au cinéma.
Agathe Langlois, parisienne jusqu’au bout de ses ongles bien vernis, a tout pour être heureuse : une famille qu’elle adore, une super bande de copines, et elle vient d’être titularisée comme professeur d’anglais. Quand elle apprend qu’elle est mutée à des centaines de kilomètres de chez elle, en plein campagne, c’est la douche froide. Les pieds dans la boue, à Trouilly-sur-Celles, la bonne humeur d’Agathe va être mise à rude épreuve. Entre des collègues démotivés et des élèves plus que dissipés, cette première année d’enseignement va lui réserver bien des surprises…
Des films sur l’école, il en existe plusieurs, surtout ces dernières années. Cette fois, l’angle est différent : direction la campagne. L’idée de départ est bonne, mais les scénaristes ne l’ont pas assez approfondie. Le long métrage survole les difficultés rencontrées par les professeurs mutés dans une académie qui n’est pas leur choix. Les clichés se multiplient, sans pour autant nuancer le propos. Pourtant, les sujets sont variés et parfois même délicats, de la titularisation aux grossesses adolescentes, en passant par le handicap, le harcèlement scolaire et Alzheimer, sans oublier le rôle des réseaux sociaux dans la vie de ces lycéens. Le résultat est gentillet. Un film plus incisif aurait été judicieux, afin de frapper les esprits sur la difficulté d’être professeur. Tout de même, un point positif est à souligner : les situations comiques. Régulières, elles provoquent le rire des spectateurs.
Les acteurs ont un bon jeu, leur fraîcheur et leur talent apporte beaucoup à l’histoire. Bérengère Krief est solaire et excellente en prof d’anglais, Romain Lancry est brillant en prof charrié sans cesse et si drôle ! Igor van Dessel est touchant en élève surdoué, excellent en maths et incompris par sa famille. Les enfants sont désarmants de tendresse. Dommage que leurs personnages manquent de complexité, d’épaisseur, afin que le public comprenne mieux leurs actions et s’attache plus à eux.
Quant à la mise en scène, elle repose sur l’image et les espaces. La maison où loge Agathe est un personnage à elle-seule ! Les papiers peints sont chargés, mais bien choisis, comme venus d’une autre époque, révolue. Avec les acteurs, ce travail visuel sauve le film du naufrage. La campagne, aussi belle soit-elle avec ses paysages, l’est moins devant la caméra de la réalisatrice. Les décors champêtres offrent un panorama verdoyant, et font ainsi de L’école est finie une ode à la nature. Par ailleurs, Alice au pays des merveilles étant le livre préféré de l’héroïne, le personnage animé se balade dans le décor et semble accompagner Agathe dans les moments les plus difficiles qu’elle traverse. Un hommage mignon à l’œuvre de Lewis Carroll.
Comédie romantique, L’école est finie n’échappe pas aux stéréotypes opposant les mondes rural et urbain. Un film agréable, mais banal, dont l’idée originale n’a pas été développée malgré son potentiel. À voir pour le visage solaire de Bérengère Krief et les maladresses de son personnage.
• L’école est finie, un film d’Anne Depétrini, d’après Chronique d’une prof qui en saigne de Princesse Soso • Avec Bérengère Krief, Grégory Fitoussi, Patrick Chesnais, Marilou Berry, Catherine Hosmalin, Valérie Decobert, Romain Lancry, Camille Lellouche… • 1h27 • Sortie le 11 juillet 2018.